Pourquoi je suis passé de Windows 11 à Linux en "daily"

Mon retour d'expérience du passage de Windows à Linux. Pourquoi passer d'un système à l'autre ? Je vous explique les différentes étapes de ma démarche.

Pourquoi je suis passé de Windows 11 à Linux en "daily"
An elevation of someone into a sky of bytes, flat 3D, white background. Généré avec l’IA DALL-E 3

Des mois de réflexion avant de me lancer enfin, réellement, sous Linux, tous les jours ! Récit d’une aventure parsemée d'embuches…

Cet article a été initialement saisi sur mon ancien site web ComputerZ Solutions, en 2018. Les dires ont un peu changé, les faits sont différents. Le fond reste le même. L'article a donc été mis à jour en conséquence.

Version Date Commentaires
1 2018 Création du document
2 09/2022 Reformatage du document, mise à jour des numéros de version des distributions, suppression de la partie ESXi, suppression des pb bluetooth et Nvidia, suppression des pb avec les jeux-vidéos, changement de la carte graphique (Nvidia vers AMD), mise à jour complète de la partie Arch Linux, remplacement de la partie "problèmes et blocages" par "astuces et alternatives".

Linux est omniprésent aujourd’hui. Je ne vais pas redire ce qui est déjà écrit partout sur le web. La grande majorité de ce que vous utilisez aujourd'hui fonctionne avec une distribution Linux.

J’utilise Linux depuis 2008, de manière assez simpliste. J'entends par là l'exploitation de serveurs web, bases de données SQL, utilisation git et SSH, installation de différentes distributions et interfaces graphiques "pour tester"…

La genèse du projet "De Windows 11 à Linux"

Depuis plusieurs années, j’ai voulu avoir une machine capable de tout et facilement, sans adhérence quant au système d'exploitation. Le matériel dont je dispose est suffisamment robuste pour encaisser tout type d’utilisation (virtualisation, opérations multimédia légères, simulation automobile, bureautique générale). En réfléchissant au produit final souhaité, voici les quelques points retenus :

  • Avoir un PC hôte sous Linux pour une stabilité optimale, en ayant le moins d'opération de maintenance à effectuer ;
  • Un PC qui se lance rapidement, ayant peu d’outils sur l'hôte (accès web, navigateur, lecteur audio/vidéo, suite bureautique) ;
  • Il permet la virtualisation et la virtualisation imbriquée en VM et par conteneurs de tout type d'OS et services ;
  • Utiliser si besoin une machine virtuelle sous Windows pour pouvoir faire du GPU Passthrough (accrocher la carte graphique dans la machine virtuelle, sans la virtualiser) pour les jeux-vidéos non compatibles Linux ;
  • Pouvoir travailler dans une machine virtuelle "comme si j'étais sur mon PC" (donc aucune latence, pas de blocage à cause de la virtualisation etc) ;
  • Trouver et exploiter des logiciels et alternatives libres par rapport à ce que je peux / j'ai pu utiliser tous les jours.

Récit complet

Qui dit nouvelle solution dit tests. Et des tests, il en a fallu pour trouver une solution pertinente ! J’ai passé de nombreuses journées à écumer des sites web et autres sub Reddit à la recherche d’une boîte magique, capable de tout du premier coup, réinstaller des centaines de fois mon PC (réellement) et j'en passe et des meilleurs. Une solution clé en main en somme, out-of-the-box comme on le dit outre-atlantique. Allons tout de suite à l’essentiel, ça n’existe pas encore tout à fait. Sans doute un buisness à concocter si la formule magique est trouvée...

Debian / Proxmox VE

Première solution : Debian. Je suis parti d’un Proxmox v7.2, sur lequel j’ai ajouté une interface graphique (Gnome 42). Proxmox a l'avantage de "préparer" la partie virtualisation sans y passer du temps, d'où le choix de cette distribution pour gagner du temps. C’était idéal au départ ! Interface web pour gérer la virtualisation, l’interface graphique me permettant de faire satisfaire les besoins quotidiens. Pas de superflu sur l’hôte, tout se fait dans les machines virtuelles et les conteneurs sont là au besoin. Top ! Cette solution tient la route et semble respecter le cahier des charges.

Le seul bémol rencontré concerne les pilotes pour le matériel (Bluetooth et Wi-Fi principalement) : c'est quelques fois complexe de réussir à installer les drivers et les faire fonctionner du premier coup. Avec un peu de temps et de recherches, on finit par trouver... ou se décourager et changer de solution.

VMware ESXi

Seconde solution, VMware ESXi. Un détail majeur : il n'est pas possible d’y installer une interface graphique sur l’hôte. Hop, ça ne répond pas aux critères, on raye.

Ubuntu LTS

Troisième solution, Ubuntu (22.04 LTS). Installation graphique en mode minimale, installation des paquets nécessaires en fonction des besoins – ça fonctionne. Plutôt bien parti, je continue les installations et les tests avec succès. La virtualisation fonctionne sur les deux plans (VirtualBox ou Libvirt KVM/QEMU pour les VM, Docker pour les conteneurs), la carte graphique RX 6700XT est installée avec son pilote propriétaire. J’effectue mes tests pendant environ quinze jours, RAS. Les jeux-vidéos fonctionnent pratiquement tous grâce aux paquets "Lutris", "Proton" ou encore "Bottles".

Content de cette installation, je commence à y prendre goût et mes habitudes dans cet environnement. Puisque ça fonctionne, il est tant de changer ! Oui, aucune réelle logique, c'est mon côté perfectionniste et éternel insatisfait qui (re)prend le dessus. Je me décide donc d’arrêter Ubuntu et de partir dans un autre univers… Le monde d’Arch Linux.

Arch Linux

Quatrième solution, Arch Linux. L'installation est toujours fastidieuse lorsque vous ne faites pas appel à un script d'automatisation de l'installation. J'en profite pour mettre à jour mon article d'installation d'Arch Linux ; ça démarre, ça fonctionne, OK. Cependant, il y a beaucoup de configuration à effectuer pour avoir un système utilisable. Ne souhaitant pas passer du temps à optimiser chaque flux, je me suis tourné vers la distribution Manjaro Linux. Je me souviens des dires d'un ancien collègue :

Quand je rentre à la maison, je souhaite que ça fonctionne, sans chercher à savoir pourquoi. Je passe suffisamment de temps au bureau pour ce faire.

"Manjaro Linux Gnome Édition", ce sera la distribution sélectionnée pour les tests. Installation rapide, l'utilitaire de gestion des paquets facilite beaucoup la recherche et les dépendances, l'installation des pilotes propriétaires s'effectue sans problème, installation de Wine + Lutris + VirtualBox + Docker… Tout est fonctionnel du premier coup, sans erreurs. Même l’installation juste du pilote de l'imprimante HP a été faite en huit secondes chrono (ce qui est incroyable, et en plus sans avoir besoin d'outil complémentaire).

Rapidement, j'ai aussi essayé la distribution "EndeavourOS", qui se veut au plus proche d'une Arch Linux "pure" que Manjaro. C'est rigolo 30 secondes, il n'y a pas de réel intérêt ni de plus-value. La différence entre Manjaro et EndeavourOS réside au niveau de la gestion et la sortie des paquets : les équipes de Manjaro adaptent et personnalisent parfois les paquets pour leur distribution, EndeavourOS récupère ses paquets depuis les dépôts officiels d'Arch Linux.

Retour d’expérience après 3 semaines d’utilisation quotidienne

Lorsque j'ai saisi l'article en 2018, j'ai passé réellement trois semaines à utiliser quotidiennement le PC sous Manjaro. Tous les outils que j’avais sous Windows ont été remplacés par des outils gratuits et/ou libres, la virtualisation et même les jeux vidéos fonctionnent tous directement sans paramétrages complexes. Finalement, je n'ai pas besoin de créer ni d'utiliser une machine virtuelle sous Windows.

Quand je prends un peu de recul sur cette expérience, j’en arrive à me dire : mais pourquoi je n’ai pas sauté le pas plus vite ?! Sans doute par peur du changement. Le temps n'est pas un réel frein : avec tous les sites web et applications qui existent à ce jour, vous trouverez rapidement l'information et la solution qui vous manque en quelques instants.

Windows, c’est une grande partie de ma vie informatique. De mes débuts vers 1995 jusqu’à aujourd’hui, j'utilise quotidiennement Windows. Depuis 2018, j'utilise désormais quotidiennement Linux (en interface graphique ou en ligne de commande) en plus d'utiliser Windows au bureau, et je m'en porte très bien.

Après ces semaines, je n’ai pas ressenti un manque de Windows. Mes applications habituelles sont toutes portées sous Linux ou il existe une solution alternative (émulation ou remplacement par un autre outil libre).

Retour d'expérience sur plusieurs années

Entre 2020 et 2022, j'ai utilisé tous les jours à titre professionnel Linux (Debian). Les attentes étaient élevées, l'infrastructure nécessitait de lourdes maintenances. Cette expérience a été très enrichissante et m'a permis de comprendre une chose importante : qu'importe la distribution ou les outils en place, l'important est de comprendre ce qu'on en fait et ce pourquoi ils sont .

Utiliser les derniers outils à la mode est intéressant lorsqu'on est vraiment passionné et constamment à la recherche de nouveautés. Cependant, cette recherche a un coût technique et humain lourd (le temps, l'envie, les problèmes à régler, la capacité de chacun à comprendre et exploiter). Remplacer un outil par un autre est une quête à prendre très au sérieux, surtout dans le monde professionnel.

Aujourd'hui, je pense avoir le recul nécessaire pour enfin statuer entre Windows ou Linux sur un PC utilisé tous les jours en tant que SRE, pour le perso ou le pro : Linux. Même venant d'un monde dans lequel seul Microsoft était exploité, il est tout à fait possible d'utiliser Linux dans un environnement Microsoft (sauf dans des cas très précis, des SI réglementés). Les magasins d'applications regorgent toujours plus d'outils vous donnant une alternative, bonne ou mauvaise, mais vous avez le choix. De plus, avec le langage Rust qui se démocratise, je trouve qu'il y a comme un souffle de renouveau côté developpement et de débridage des fonctionnalités.

Ma machine en ce moment ? Un Apple Mini M1 2020.

Oui, il faut tester et savoir renier ses principes pour penser différement !

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Ma tour principale est en dual-boot Windows 11 + Manjaro. Manjaro démarre par défaut. Windows 11 est là "au cas ou" et ne démarre qu'une fois par mois pour effectuer les mises à jour système.

Astuces et alternatives

Auparavant, ce paragraphe décrivait les problèmes rencontrés. Aujourd'hui, ça n'a plus lieu d'exister. À la place, il est important de vous donner quelques astuces pour faciliter votre quotidien sous Linux :

  • Je veux gérer mes LED (clavier, ruban, ampoules connectées, RAM) : utilisez l'outil "OpenRGB" !
  • Je veux un pack Office qui ouvre les .docx/.xlsx sans problème de compatibilité : utilisez "OnlyOffice" ! Quelques fonctionnalités ne sont pas encore prêtes (les macros notamment) mais ça fait l'affaire pour 90 % de vos besoins ;
  • Certains jeux-vidéos ne fonctionnent pas ou ne sont pas compatibles : le plus simple reste de faire un dual-boot Windows + Linux. N'oubliez pas d'installer Windows en premier, ensuite Linux !
  • Besoin d'un système de drive (et pas que) interopérable qu'importe l'OS et le matériel ? Utilisez les services d'Infomaniak ! J'en parle dans cet article - 🇨🇭 De Google Drive à kDrive d'Infomaniak (hommet.net).
  • C'est chouette Teamviewer pour accéder à distance à une machine ! Ok, testez Cockpit ou encore Rustdeck 😉.

Conclusion

Le changement est radical et un peu perturbant, mais quelques heures suffisent pour finalement se rendre compte de l’intérêt et de la finalité. Il faut savoir changer ses habitudes, s'ouvrir l'esprit et ne pas être totalement bloqué sur ses positions. Acceptez qu’une solution est remplaçable par une autre. Repartir de zéro (ou presque) sur un système est une chose dure, mais est souvent bénéfique et valorisante.

De plus en plus aujourd'hui, il est nécessaire (si ce n'est pas déjà trop tard) de reprendre le contrôle de ses données. Sous Linux, c'est plus facile d'installer ou désinstaller des outils, de comprendre et voir ce qu'ils utilisent comme ressources et données et surtout, ne pas avoir une quantité de logiciels inutiles pré-installés. Et même si certaines applications sont installées de force dans les distributions, vous pouvez les désinstaller sans corrompre le système. Cette possibilité de personnaliser le système d'exploitation et de n'avoir que le strict nécessaire est un point sur lequel je mets de plus en plus l'accent. Linux permet d'avoir un système d'exploitation minimaliste sans trop d'effort, pas comme sous Windows.

Ne vous fiez pas trop aux forums ventant les mérites d'une distribution à l'autre. Il s'agit plus souvent d'une guerre d'égo, de jalousie et souvent d'ignorance. De la mauvaise influence en somme.

Ci-dessous, mes choix de distribution en fonction du besoin :

  • Vous voulez un PC sous Linux sans prise de tête et facile d'accès pour quiconque ? Utilisez Ubuntu.
  • Vous êtes un power-user et la ligne de commande ne vous effraye pas trop ? Utilisez Manjaro (risque de casse plus important que sous Ubuntu).
  • Envie d'utiliser Linux en mode serveur ? Utilisez Debian.

Je n'ai que très peu utiliser le monde CentOS / RHEL / Fedora, par choix : il y a déjà tant à faire et à apprendre avec les Debian-like. Il faut savoir se spécialiser et maîtriser quelques outils plutôt que de toucher à tout sans rien comprendre et perdre du temps.

Au plaisir de lire vos retours 😊.